LES LEÇONS DE LA SOURATE YUSUF (INTRODUCTION)

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Allah a nommé la sourate Yûsuf « le meilleur de tous les récits », qu’Il a révélé dans le Qur’ân, la meilleure de toutes les Révélations, au meilleur de tous les Prophètes, notre Prophète Muhammad Ce récit lui a été révélé pour lui remonter le moral à un moment où ses souffrances et ses soucis étaient au plus haut. Le Prophète Yûsuf a certes vécu il y a des milliers d’années, mais le temps n’a en rien diminué la pertinence de son histoire : c’est une histoire d’amour, de passion, de trahison et de pardon, et elle a quelque chose à nous apprendre à chaque étape de notre vie. Elle transmet une sagesse divine enveloppée d’une éloquence sans pareille. C’est une histoire intemporelle qui apaisera toujours nos âmes dans les moments les plus difficiles tout en ravivant notre confiance en notre Seigneur.

La révélation de la sourate Yûsuf

Le moment de la révélation de la sourate Yûsuf n’aurait pu être plus opportun. Allah l’a en effet révélée après « l’année de la tristesse », au cours de laquelle trois événements traumatisants se sont succédé pour le Prophète. Le premier était le plus personnel et le plus intime de tous : la mort de son épouse Khadîjah, elle qui avait été son plus grand soutien, une source constante de réconfort et de force. Lorsque la Révélation avait débuté, c’était vers Khadîjah qu’il s’était tourné pour obtenir un soutien affectif et se rassurer. Elle avait été la première à croire en sa mission, elle était fermement restée à ses côtés face à toute l’adversité des premières années de sa mission prophétique: lorsqu’un homme reçoit le réconfort et l’amour dont il a besoin en son foyer, il peut faire face à tout ce qui se passe dans le monde extérieur. La mort de Khadîjah fut une perte si profonde pour le Prophète que celui-ci, pourtant connu pour son sourire fréquent, n’a pas souri pendant une année entière.

Une deuxième tragédie suivit bientôt : la mort de son oncle Abû Tâlib. Si Khadîjah avait été le soutien du Prophète en son foyer et en privé, Abû Tâlib avait été son principal soutien public. Lorsque les incroyants de Quraysh avaient commencé à menacer le Prophète pour qu’il cesse sa prédication, Abû Tâlib avait d’abord essayé de convaincre son neveu d’arrêter. Mais la réponse du Prophète allait changer la vie d’Abû Tâlib pour toujours : « Par Allah ! Si l’on plaçait le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche à la condition que j’abandonne cette voie, je ne l’abandonnerais pas avant qu’Allah ne m’ait rendu victorieux, ou que je périsse en essayant (de l’être). » Abû Tâlib lui avait alors dit : « Va et prêche ce que tu veux, car, par Allah, je ne t’abandonnerai jamais. » Et il était un homme de parole : pendant les dix années qui suivirent, Abû Tâlib fit tout ce qu’il pouvait pour défendre le Prophète ; il sacrifia sa réputation et son prestige pour protéger son neveu, à tel point que lorsque les incroyants de Quraysh boycottèrent les musulmans, Abû Tâlib abandonna volontairement ses privilèges pour les rejoindre dans la vallée où ils avaient été bannis, à l’extérieur de Makkah. Tant qu’Abû Tâlib vivait, les ennemis du Prophète ne pouvaient lui causer aucun mal physique: avec sa mort, la persécution n’allait faire que s’intensifier, à tel point que le Prophète devrait bientôt quitter Makkah.

Le troisième incident fut le voyage fatidique du Prophète à Ta’if pour inviter le peuple de cette ville à l’adoration d’Allah, seul et sans associé ; ce furent les jours les plus difficiles de sa vie. Sa femme ‘Aisha lui demanda un jour : « As-tu rencontré un jour plus difficile que la bataille d’Uhud ? » Et le Prophète répondit : « Oui, vos tribus m’ont causé beaucoup de troubles ; et le pire fut le jour d’Aqaba, lorsque je me suis présenté à Ibn Abd Yalil ibn ‘Amr (le chef de Ta’if), et qu’il n’a pas répondu à ce que je lui proposais. Je suis reparti accablé par un grand chagrin. » Le Prophète fut en effet publiquement rejeté et humilié à Ta’if, au point que les gens lui lancèrent des pierres jusqu’à ce que ses sandales se remplissent de sang.

Tous ces incidents se produisirent à six semaines d’intervalle, et le Prophète avait alors l’impression que la situation n’aurait pu être pire ; c’est à ce moment précis qu’Allah choisit alors de révéler la sourate Yûsuf. Nous ne connaissons pas la date exacte de cette révélation, si ce n’est qu’elle se situe aux alentours de la 10ème ou 11ème année de la période mecquoise, et quelque temps avant la Hijra vers Médine. Lorsque nous comprenons le cadre temporel de la révélation, le sens profond de la sourate Yûsuf devient aussitôt très clair : par la révélation de la sourate Yûsuf, Allah remontait le moral du Prophète, le consolait et le renforçait, à un moment où il était politiquement vulnérable. La sourate Yûsuf fut, en quelque sorte, la lumière qui sortit le Prophète de l’obscurité de sa douleur et de son angoisse. Et depuis quatorze siècles, cette sourate continue d’élever les croyants et d’éclairer leur voie spirituelle.

Les savants ont mentionné plusieurs autres incidents à l’origine de la révélation de cette sourate. Alors que la persécution des musulmans s’intensifiait, les Compagnons du Prophète se sentirent accablés et allèrent voir le Prophète pour lui dire : « Ô Messager d’Allah, pourquoi ne nous racontes-tu pas des histoires ? » Ils voulaient ainsi entendre des exemples de la façon dont les nations précédentes avaient fait face à la souffrance et aux persécutions. Au même moment, les incroyants de Quraysh tentaient de discréditer le Prophète en tant que messager de Dieu, en le qualifiant de poète, de devin et de fou. Ils envoyèrent donc une délégation aux Juifs de Médine pour leur demander de leur donner une question à laquelle seul un Prophète pourrait répondre. Les Juifs leur dirent de s’enquérir de l’histoire de Yûsuf et de ses frères, car ils supposaient qu’aucun Arabe ne la connaîtrait ; et Allah répondit ainsi à leur question en révélant la sourate Yûsuf, dans tous ses détails captivants !

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