l’ajustement fin de l’univers

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Extrait de : La Réalité Divine, Hamza Tzortzis

L’univers possède une architecture cosmique précise et ordonnée qui indique une conception intentionnelle. L’univers a l’ensemble de lois précisément nécessaire à l’existence de la vie, et il est ordonné d’une manière telle qu’elle permette aux êtres humains de s’épanouir. Si ces lois étaient différentes, ou si l’univers ne contenait pas un tel agencement d’étoiles, de planètes et d’autres choses physiques de taille variable qui soit propice à l’apparition de la vie, vous ne seriez pas là en train de lire ce livre. De fait, il n’y aurait pas de vie humaine du tout.

(…)

Le fondement islamique

Cet argument a un fondement islamique. Le Coran fait référence aux objets célestes, à l’alternance de la nuit et du jour, à la végétation, aux animaux et à d’autres phénomènes physiques. Dieu a créé toutes ces choses avec une précision Divine :

« Le soleil et la lune (évoluent) selon un calcul (minutieux), et les étoiles et les arbres se prosternent. Et quant au ciel, Il l’a élevé bien haut et Il a établi le mîzân. » [1]

Le mot arabe mîzân a plusieurs significations ; parmi celles-ci figurent l’équilibre et la précision Divine. Ce mot indique que l’univers a été créé avec précision, équilibre et harmonie. De nombreuses autres références coraniques indiquent cette précision cosmique, cet ordre et cette harmonie dans l’univers :

« En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d’intelligence. » [2]

« Pour vous, Il a assujetti la nuit et le jour ; le soleil et la lune. Et à Son ordre sont assujetties les étoiles. Voilà bien là des preuves pour des gens qui raisonnent. » [3]

La tradition intellectuelle islamique a fait référence à la conception de l’univers pour évoquer la nécessité de l’existence d’un Concepteur et d’un Architecte ; les érudits de l’Islam ont même utilisé cet argument dans des débats publics. Par exemple, Al-Ghazali écrit : « Comment même l’esprit le plus bas, s’il médite à toutes les merveilles de la terre et du ciel, au brillant modelage des plantes et des animaux, peut-il rester aveugle au fait que ce monde merveilleux, avec son ordre établi, doit avoir eu un créateur pour le concevoir, le déterminer et le diriger ? » [4]

Abu Hanifa, l’un des grands érudits de l’Islam, s’est un jour engagé dans une discussion avec un athée. Il a été rapporté qu’il a alors utilisé avec succès une variante de l’argument de la conception :

« Avant d’entrer dans un débat sur cette question, dites-moi ce que vous pensez d’un bateau sur l’Euphrate qui prendrait le large, se chargerait de nourriture et d’autres choses, puis reviendrait, jetterait l’ancre et déchargerait tout seul son contenu sans que personne ne le navigue ni ne le contrôle ? »

« Ils ont répondu : ‘C’est impossible, cela ne pourrait jamais arriver.’ Il leur a alors dit : ‘Si c’est impossible pour un navire, alors comment cet univers entier, dans toute son immensité, pourrait-il se déplacer tout seul ?’ » [5]

Ces versets coraniques et la tradition intellectuelle islamique font ici écho aux récentes découvertes de la physique, qui ont montré que l’univers est doté de lois physiques qui semblent être précisément établies pour la vie, et que l’univers a un ordre particulier qui facilite l’existence humaine. Cette précision a également été nommée « ajustement fin » (en anglais : fine tuning) par de nombreux physiciens, théologiens et philosophes.

« L’ajustement fin »

L’ajustement fin de l’univers comporte différents aspects. Tout d’abord, si les lois de l’univers n’existaient pas, la vie, et en particulier la vie consciente complexe, ne serait pas possible. Deuxièmement, l’univers présente un ordre fascinant : la façon dont les objets célestes et autres objets physiques ont été disposés facilite la vie sur Terre. Toutes les données associées à ces différents aspects de l’ajustement fin fournissent un solide argument cumulatif pour défendre l’idée que l’univers a été conçu pour abriter une vie complexe et consciente.

Les lois physiques

Pour que la vie existe, il faut qu’il y ait eu exactement le bon ensemble de lois. Si ces lois étaient ne serait-ce que légèrement modifiées, il en résulterait un univers sans vie complexe :

  • La loi de la gravité : La gravité est la force d’attraction entre deux masses. Sans la gravité, il n’y aurait pas de force pour agréger les choses. Par conséquent, il n’y aurait pas d’étoiles (et pas de planètes). Sans étoiles, il n’y aurait pas de source d’énergie durable pour faciliter la vie. [6] L’univers ne serait qu’un grand vide sombre.
  • La force électromagnétique : Cette force unique affecte tout ce qui se trouve dans l’univers. La force électromagnétique est responsable de la force, de la forme et de la solidité des choses. Sans elle, les atomes n’existeraient pas, car rien ne garderait les électrons en orbite. S’il n’y avait pas d’atomes, il n’y aurait pas de vie. La force électromagnétique provoque également des liaisons chimiques en attirant des charges. En l’absence de toute liaison chimique, la vie ne pourrait pas exister. [7]

Un aspect intéressant de la force électromagnétique est qu’elle a une force unique, mais qu’elle satisfait à toute une série d’exigences. Dans son livre ‘Infinite Minds : A Philosophical Cosmology’, le professeur John Leslie écrit :

« L’électromagnétisme a une force unique, qui permet à de multiples processus-clés de se produire : il permet aux étoiles de brûler régulièrement pendant des milliards d’années ; il permet la synthèse du carbone dans les étoiles ; il garantit que les leptons ne remplacent pas les quarks, ce qui aurait empêché l’apparition des atomes ; il est responsable du fait que les protons ne se décomposent pas trop vite ou ne se repoussent pas trop fortement, ce qui aurait empêché la chimie. Comment est-il possible qu’une même force unique puisse satisfaire à autant d’exigences différentes, alors que l’on pourrait penser que des forces différentes soient nécessaires pour chacun de ces processus ? » [8]

Une réponse satisfaisante à la question de Leslie est sans doute que cette force a été précisément calibrée pour satisfaire à toutes ces exigences.

  • La force ou interaction nucléaire forte : Puisque le noyau est constitué de protons chargés positivement, il devrait simplement voler en éclats, car les charges se repoussent. Cependant, le noyau reste intact en raison de l’interaction nucléaire forte. Si cela était modifié, « l’univers serait très probablement constitué d’un trou noir géant. » [9]
  • La force ou interaction nucléaire faible : L’interaction nucléaire faible est plus forte que la force de gravité, mais sa force n’est efficace qu’à des distances extrêmement faibles. Elle est responsable de l’alimentation des étoiles et de la formation des éléments. Elle est également responsable de la décroissance radioactive. Le soleil ne pourrait pas brûler sans cette force, car elle joue un rôle important dans la fusion nucléaire. Si cette force était à peine plus forte ou plus faible, les étoiles ne se formeraient pas.

À la lumière des exemples ci-dessus de « l’ajustement fin » des lois physiques, toute personne rationnelle devrait se poser de sérieuses questions : D’où viennent ces lois de la physique ? Pourquoi observons-nous ces lois plutôt qu’un ensemble différent ? Comment ces lois entraînent-elles des processus physiques inconscients, non-rationnels, aveugles et aléatoires qui permettent la vie humaine ? C’est le signe d’un esprit rationnel que de conclure qu’un législateur, un « grand » mathématicien ou un « esprit » cosmique a créé ces lois pour permettre la vie consciente.

L’ordre cosmique 

Le spectacle ordonné que nous observons dans l’univers et cette harmonie céleste ont non seulement suscité l’admiration du penseur moyen, mais ils ont également hypnotisé les plus grands esprits. Albert Einstein a dit un jour à ce sujet :

« Je ne suis pas un athée, et je ne pense pas pouvoir me qualifier de panthéiste. Nous sommes dans la position d’un petit enfant qui entre dans une immense bibliothèque remplie de livres rédigés en de nombreuses langues. L’enfant sait que quelqu’un a dû écrire ces livres. Il ne sait pas comment. Il ne comprend pas les langues dans lesquelles ils sont écrits. L’enfant soupçonne vaguement un ordre mystérieux dans la disposition des livres mais ne sait pas de quoi il s’agit. C’est, me semble-t-il, l’attitude de l’être humain, même le plus intelligent, à l’égard de Dieu. Nous voyons l’univers comme merveilleusement organisé et obéissant à certaines lois, mais nous ne comprenons que très peu ces lois. Notre esprit limité ne peut que percevoir la force mystérieuse qui fait bouger les constellations. » [10]

Même l’athée militant Richard Dawkins a commenté l’ordre dans l’univers. Bien qu’il rejette l’hypothèse de la conception et fournisse sa propre explication naturaliste, il met tout de même en évidence ce qui a pu hypnotiser des gens comme Einstein :

« Mais ce que je vois en écrivant, c’est que j’ai de la chance d’être en vie, et vous aussi. Nous vivons sur une planète qui est absolument parfaite pour notre mode de vie : ni trop chaude ni trop froide, baignée d’un soleil bienfaisant, doucement arrosée ; une planète qui tourne doucement, un festival de récoltes vertes et dorées… Quelles sont les chances qu’une planète choisie au hasard soit dotée de propriétés aussi complaisantes ? » [11]

L’univers est en effet « merveilleusement agencé », et il présente un ordre complexe et finement ouvragé. Si cet ordre était différent, il serait très improbable que la vie humaine puisse s’épanouir. Voici quelques exemples choisis sur lesquels méditer :

  • La position de notre planète : L’une des caractéristiques vitales de notre planète est sa distance par rapport au Soleil. La Terre est située dans une zone connue sous le nom de zone habitable. Cette zone est définie comme la « région où la chaleur de l’étoile centrale fournit une température de surface planétaire à laquelle un océan d’eau ne gèle pas et ne dépasse pas non plus son point d’ébullition. » [12] Si notre planète était légèrement plus proche du Soleil, il y ferait trop chaud pour qu’elle puisse accueillir la vie. Si elle était à peine plus éloignée, il y ferait trop froid pour qu’elle puisse permettre une vie complexe telle que la nôtre.
  • L’attraction gravitationnelle de Jupiter : L’absence de la planète géante gazeuse Jupiter dans notre système solaire aurait de graves implications pour la vie. Le professeur de sciences géologiques Peter Ward affirme que « sans Jupiter, il est fort probable que la vie animale n’existerait pas sur Terre aujourd’hui. » [13] Jupiter agit comme un bouclier cosmique : elle empêche les comètes et les astéroïdes de bombarder notre planète parce que son attraction gravitationnelle « aspire » les astéroïdes. Sans notre sympathique géante gazeuse, le développement d’une forme de vie avancée n’aurait sans doute pas été possible.

Rebecca Martin de la NASA, qui a étudié l’influence de Jupiter, affirme ainsi : « Notre étude montre que seule une infime partie des systèmes planétaires observés à ce jour semblent avoir des planètes géantes au bon endroit pour produire une ceinture d’astéroïdes de la taille appropriée, offrant un potentiel de vie sur une planète rocheuse proche… Notre étude suggère que notre système solaire pourrait bien être très particulier. » [14]

Sans la présence de Jupiter, la vie sur notre planète aurait été extrêmement difficile à maintenir en raison du grand nombre de collisions d’astéroïdes et de comètes. [15] [16]

  • Les marées lunaires : La taille relativement importante de la Lune terrestre est responsable des marées par son attraction gravitationnelle. Après sa formation, la Lune était plus proche de la Terre qu’elle ne l’est aujourd’hui, mais cette proximité n’a été que de courte durée. Si la Lune n’avait pas reculé, notre planète en aurait subi de graves conséquences. Parmi celles-ci, le réchauffement de la surface de la Terre, qui aurait empêché l’émergence d’une vie complexe. Le professeur Ward explique qu’une Lune plus proche aurait fléchi la croûte terrestre et produit un réchauffement par frottement, faisant peut-être fondre sa surface : « Les marées océaniques (et terrestres) d’une Lune proche auraient été énormes, et la flexion de la croûte terrestre, ainsi que le réchauffement par friction, auraient peut-être fait fondre la surface rocheuse. » [17]
  • La stabilisation de l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre : La Lune a également été responsable de la stabilisation de l’inclinaison de l’axe de la Terre. Le professeur Ward explique que « même si la direction de l’inclinaison varie sur des périodes de dizaines de milliers d’années lorsque la planète vacille, un peu comme la précession d’une toupie, l’angle de l’inclinaison par rapport au plan de l’orbite reste presque fixe. » [18]

Cet angle est resté stable pendant des centaines de millions d’années grâce à l’attraction gravitationnelle de la Lune. Si la Lune était plus petite, ou si elle était située à un endroit différent par rapport au Soleil et à Jupiter, elle ne pourrait pas assurer « la stabilité à long terme de la température de la Terre ». [19] Par conséquent, si la Terre n’avait pas de lune, le climat de notre planète serait très rude mais aussi très dynamique et en constante évolution. Seuls de petits organismes auraient émergé, et la vie complexe ne serait pas possible.

À la lumière de ce qui précède, qu’est-ce qui explique le mieux les lois de la physique et la présentation ordonnée de notre système solaire ? Il y a plusieurs options et hypothèses : le hasard, la nécessité physique, le multivers ou la conception Divine. (…)


[1] Coran, 55/5-7.

[2] Coran, 3/190.

[3] Coran, 16/12.

[4] Édité et traduit par A. L . Tibawi, ‘Al-Risala al-Qudsiyya (The Jerusalem Epistle) : Al Ghazali’s Tract on Dogmatic Theology’ dans : The Islamic Quaterly, 9:3-4 (1965).

[5] Ibn Abi al-’Izz, ‘Commentary on the Creed of At-Tahawi’, traduit par Muhammad ‘Abdul-Haqq Ansari (2000).

[6] R. Collins, The Teleological Argument (2009). 

[7] Ibid.

[8] John Leslie, ‘Infinite Minds : A Philosophical Cosmology’ (2001). Oxford: Clarendon Press, p. 205.

[9] R. Collins, The Teleological Argument, p. 212. 

[10] Cité par M. Jammer dans : ‘Einstein and Religion’ (1999). Princeton : Princeton University Press, p. 150. 

[11] R. Dawkins, Unweaving the Rainbow (1999). Londres: Penguin, p4. 

[12] P. D. Ward et D. Brownlee, Rare Earth: Why Complex Life Is Uncommon in the Universe (2004). New York: Copernicus Books, p16.

[13] Ibid, p. 221-222.

[14] ‘No Jupiter, no advanced life ? – Evolution May Be Impossible in Star Systems without a Giant Planet’ (2012). 

[15] F. A. Rasio et E. B. Ford, ‘Dynamical Instabilities and the Formation of Extrasolar Planetary Systems’ (1996).

[16] P. D. Ward et D. Brownlee, Rare Earth: Why Complex Life Is Uncommon in the Universe (2004), p. 238-39.

[17] Ibid, p. 227.

[18] Ibid, p. 223. 

[19] Ibid.

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